Des actions coordonnées

Publié le 03.05.2010| Mis à jour le 08.12.2021

Beaucoup de migrants sont également refoulés par la police marocaine à la frontière saharo-mauritanienne. De plus en plus de femmes nigérianes sont abandonnées ainsi à Nouadhibou.

Mauritanie, porte d’entrée de l’Europe ?

(Père Jérôme Dukiya, Caritas Nouadhibou)
Nouadhibou, point de départ et de transit de nombreux migrants, est à moins de 50 km de la frontière du Sahara Occidental et à 700 km des côtes espagnoles des Canaries. Le phénomène des migrations est un phénomène de longue date mais les départs en pirogue datent de 2006. À ce jour, environ 70 % des pirogues se seraient perdues en mer.

Beaucoup de migrants sont également refoulés par la police marocaine à la frontière saharo-mauritanienne. De plus en plus de femmes nigérianes sont abandonnées ainsi à Nouadhibou.

Enfin, un nombre croissant de migrants reviennent d’eux-mêmes du Maroc où ils ne parviennent pas à s’installer.

La Caritas Nouadhibou s’occupe des migrants installés à Nouadhibou et de ceux en transit. Ces migrants viennent de toute l’Afrique : Congo Brazzaville, RDC, Mali, Côte d’Ivoire, Sénégal, Nigeria, Togo, Bénin, etc. La Caritas les a aidés à s’organiser en associations de ressortissants, elle organise avec elles une grande variété d’activités : cours de langues, salles d’écoute, activités de microcrédits, activités de loisirs, activités spécifiques aux femmes, aux malades, assistance juridique.

Maroc, l’après fermeture des enclaves européennes

(Hicham Baraka, ABCDS ; Pieter Van Aken, Caritas Maroc)
La frontière algéro-marocaine est une zone où les polices respectives des deux pays se renvoient les migrants comme dans un jeu de ping-pong. Deux types de refoulement sont pratiqués : les gros refoulements visibles et médiatisés, qui ont généralement lieu lors d’événements ou de rencontres internationales au Maroc ; et les petits refoulements moins médiatisés.

À Oujda, les migrants vivent dans des tranquillos, sortes de cabanes précaires disséminées dans la forêt, où ils se sont installés, le plus souvent par communautés de même pays. Chaque tranquillo est dirigé par un chairman, chef de ghetto qui gère la sécurité « zone » et les « affaires courantes » (les listes de départs, la répartition de l’assistance humanitaire, etc.).

L’association ABCDS fournit un soutien humanitaire d’urgence à ces migrants. Une permanence juridique téléphonique a également été mise en place pour les informer de leurs droits. Enfin, un travail de sensibilisation et de plaidoyer se construit peu à peu pour dénoncer les conséquences des politiques européennes au Maroc. Le « délit de solidarité » (sanction pénale contre les personnes ou associations qui viennent en aide aux migrants en séjour irrégulier), légalement officialisé par la loi 02-03 sur les étrangers, fait peser des menaces sur les militants associatifs et pourrait fragiliser l’action de l’association.

À Rabat, les migrants vivent principalement dans les zones reléguées du quartier de Takkadoum. De plus en plus de femmes sont présentes dans les groupes de migrants, en majorité d’origine nigériane embarquées dans des réseaux de prostitution.

Les migrants reconnus comme réfugiés ou demandeurs d’asile par le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) constituent le gros des publics accueillis et pris en charge par la Caritas Rabat depuis 2006.

Le CAM, Centre d’accueil des migrants, organise trois types d’appui :

-> Le volet « écoute sociale » qui permet d’orienter les réfugiés vers d’autres structures, qui les aident dans leur recherche de logement, paniers alimentaires, création d’activités génératrices de revenus (AGR), etc.

-> Le volet « santé » qui organise des permanences les après-midi et l’achat de médicaments lorsque les migrants ne peuvent pas accéder aux centres de santé publique normalement gratuits.

-> Le volet « éducation » qui organise une école informelle pour les enfants de migrants et des ateliers de formation professionnelle. Une convention a été conclue avec le HCR pour la scolarisation des enfants réfugiés dans les écoles publiques.

Algérie, l’impasse et le piège pour les migrants

(Jan Heuft, Hamid fadheL, Rencontre et Développement ; Philippe Dupont, Mission catholique d’Adrar)
En Algérie, le public accueilli se compose de trois groupes : les réfugiés, les demandeurs d’asile et les migrants. Seuls 80 migrants ont été reconnus comme réfugiés par le HCR, et ne sont pas pour autant reconnus par le gouvernement algérien.

Les migrants qui se trouvent en Algérie sont le plus souvent sans aucune protection. Alger, Tamanrasset et Maghnia en abritent le plus grand nombre. La plupart ont des passeports maliens compte tenu des facilités de circulation liées à la détention de documents maliens.
L’accès aux soins médicaux est en théorie gratuit mais ils ne peuvent bien souvent pas en bénéficier, alors même que beaucoup sont atteints de pathologies graves.

La nouvelle loi votée en juin 2008 qui instaure le « délit de solidarité » contre ceux qui viennent en aide aux migrants et officialise le concept d’« émigration clandestine » contre les Algériens « harraga », rend encore plus difficile la situation sociale des migrants subsahariens.

L’année 2008 a vu la mort de nombreuses femmes migrantes d’origine nigériane ou libérienne, atteintes de méningite, de tuberculose ou du sida.

En plus de l’accueil et de l’appui aux migrants, Rencontre et Développement a signé jusqu’en 2009 une convention, avec le HCR pour la prise en charge des réfugiés et des demandeurs d’asile.

Rencontre et Développement est à l’origine de la chaîne de relais et de sécurisation pour les migrants bloqués dans le Maghreb souhaitant retourner dans leur pays. En 2008, 92 personnes ont été réacheminées jusqu’à leur pays d’origine. Le retour se fait en bus, en plusieurs étapes.

Adrar, à l’ouest du pays, est également une ville de transit dans le sens des départs comme des retours depuis ou vers le Mali. De plus en plus de migrants passent par là pour continuer la route vers le nord. L’action de la Mission catholique, appuyée ponctuellement par Rencontre et Développement, est limitée par le manque de ressources humaines. Le père Philippe Dupont est seul à accueillir et apporter les soins de première nécessité aux migrants.

Le Niger, au carrefour de toutes les routes du migrant

(Hassane Boukar, Aternative Niger ; Père Antoine Chenu, Mission catholique d’Arlit ; Père Augustin, Mission catholique Tchirozérine ; Père Richard Araye, Mission catholique Tahoua ; Père Delphin Nyembo, Mission catholique Zinder ; Père Moses Okwana, Mission catholique Birni N’konni )

Le Niger est un pays de transit, de passage pour les migrants qui cherchent à monter vers le nord. C’est également un pays de refoulement pour les migrants nigériens arrêtés en Libye, en Tunisie et en Algérie. Les camions libyens déversent régulièrement des migrants par la route Bilma-Dirkou. Entre le 13 janvier et le 22
février 2008, 1 500 migrants nigériens ont été expulsés de Libye par camions. Ils ont entre 20 et 45 ans, et il y a seulement 1 % de femmes.

Arlit est la première ville nigérienne après la frontière algérienne. C’est donc une ville de passage, dans le sens des départs comme des retours ou des refoulements.
Sur le chemin de la montée, les migrants ne sont guère visibles. S’ils restent plusieurs jours, le temps de gagner un peu d’argent ou de recevoir de l’aide de leurs familles, ils sont pris en charge par les passeurs qui les accompagnent et les encadrent.

Sur la route du retour, on rencontre ceux qui ont été expulsés manu militari et ceux qui souhaitent retourner volontairement. Ceux-là peuvent bénéficier, grâce à la Mission catholique qui est fortement mobilisée, d’une petite aide d’urgence pour « se remettre debout » et d’un billet pour continuer la route vers Agadez. 96 sont passés dans ce cadre par la Mission en 2009. Agadez, carrefour nigérien à l’image de Gao au Mali, est la bifurcation pour ceux qui montent vers la Libye, ceux qui montent vers l’Algérie et ceux qui descendent vers Niamey. 150 migrants passent chaque semaine par Agadez pour aller en Libye. Les convois qui montent sont composés de personnes de toutes nationalités.

Les Missions catholiques du Nord (Arlit, Agadez, Tchirozérine) se sont d’ores et déjà réunies pour harmoniser leur travail d’appui aux migrants et organiser une pastorale des migrants suite à la demande de l’évêque de Maradi.

À Tahoua et à Zinder, on peut observer à la fois des gens qui montent et qui descendent. La grande majorité est sans papier et il est souvent difficile de connaître leur parcours. Les Missions présentes dans ces localités ne sont pas pour le moment très impliquées aux côtés des migrants mais se disent prêtes à l’être.

Birni N’Konni, à la frontière Niger-Nigeria, est le point de passage obligatoire pour tous les côtiers qui montent vers le nord. Ils arrivent parfois par bus entier à l’autogare. Ceux qui reviennent sont souvent peu visibles. L’engagement de la Mission est très récent mais il est appelé à se développer.

À Niamey, la Mission catholique n’organise pas d’accueil pour les migrants qu’elle dit ne pas être sa première priorité. Elle reçoit cependant les migrants convoyés d’Algérie par Rencontre et Développement et les aide à gagner leur pays d’origine.

Par contre, l’association Forum Alternative et Espace Citoyen, experte en actions de communication et d’interpellation, travaille depuis quelque temps sur les questions de migrations internationales.

L’association souhaite construire un travail de plaidoyer pour rappeler les engagements des États en matière de libre circulation des personnes dans la zone CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et dénoncer les expulsions massives accompagnées de brimades et d’abus qui se font depuis
l’Algérie et la Libye. Il est essentiel que l’opinion publique nigérienne ait une meilleure image des migrants. En ce sens, l’association organise des émissions radios qui permettent aux migrants retournés de Libye de témoigner.


Le Mali, entre ouverture aux migrants et laxisme diplomatique au nord

(Daniel Diakité, Mission catholique Nioro du Sahel ; Père Dominique Déry, mission catholique de Bamako, en remplacement du Père Yves ; Pierre Deukeu Yossa et Alassane Maiga, Maison du Migrant Gao)
Maison du Migrant de Gao L’arrivée des participants à Gao a coïncidé avec la réception par la Maison du Migrant d’un convoi de 50 migrants refoulés d’Algérie et acheminés par la Croix-Rouge malienne. Les premiers récits des drames vécus par les migrants et la confrontation directe des visiteurs avec autant de souffrances et de difficultés ont créé une forte solidarité spontanée avec l’équipe locale et provoqué beaucoup d’inquiétudes et d’interrogations sur les méthodes d’accueil et ses capacités à faire front face à un tel désastre humain.

Il a donc été décidé de prévoir un temps spécifique avec l’équipe de l’accueil pour lui permettre de mieux faire connaître son action. La discussion a fait l’objet du résumé ci-après.

Historique de la Maison du Migrant
(Pierre Deukeu Yossa et Alassane Maiga, Maison du Migrant Gao)
La Maison, qui a vu officiellement le jour le 21 mars 2009, a pour objet « l’accueil, l’écoute, l’accompagnement et la sensibilisation de tous les migrants de toutes nationalités sur les risques de la migration irrégulière ». Elle est officiellement un regroupement d’associations de Gao (Caritas Gao, Direy Ben) et de Bamako (Aracem, AME, Aide Mali) associées à la Mission catholique.

La Maison a repris le travail qu’effectuait Caritas Gao depuis maintenant 5 ans. Elle est aujourd’hui entièrement financée par Caritas de Gao (soutenue par le CCFD-Terre Solidaire) qui effectue le contrôle budgétaire et financier. Le bâtiment appartient à l’Église qui l’a affecté pour cet usage.

La Maison accueille à la fois les convois Croix-Rouge qui arrivent régulièrement de Tinzaouaten et des migrants arrivés individuellement par leurs propres moyens. Du 2 février 2009 au 30 septembre 2009, 858 personnes (822 hommes et 36 femmes) ont été accueillies. Les migrants viennent de toute l’Afrique : Nigérians, Maliens, Camerounais, Congolais, Sénégalais, Libériens, Gambiens, Ghanéens.

La Maison n’a pas pour objet de décourager les gens de partir, puisque « chacun est libre d’aller où il veut » mais elle informe pour que ces migrants sachent où ils vont et dans quelles conditions. Elle aide également les migrants à rejoindre les capitales, Bamako ou Niamey, pour continuer leur route du retour si ceuxci
le souhaitent.

À noter que les migrants qui sont sur le « chemin de la montée » passent le plus souvent incognito. Les passeurs les attendent à l’entrée de Gao, à l’endroit du contrôle de police et les embarquent directement vers les « garages » d’où s’organise la suite de leur voyage vers le nord (Bordj el Mokhtar – Regan – Adrar).

C’est seulement au retour, une fois qu’ils ont été refoulés et qu’ils n’ont plus rien pour continuer qu’ils viennent demander de l’aide à la Mission catholique ou à la Maison du Migrant. Ceux d’entre eux qui ont encore un peu d’argent, se dirigent en général vers les « ghettos » disséminés par nationalité dans la ville. Ces ghettos quoiqu’informels sont bien connus de la police locale qui fait payer une taxe aux tenanciers.

La situation à la frontière algéro-malienne de Tinzaouten
L’Algérie « déverse » les migrants subsahariens comme elle déverserait « ses poubelles ». Les autorités algériennes, d’habitude si peu avares de discours sur la fraternité africaine, n’ont même pas le courage d’assumer publiquement les expulsions de Subsahariens qu’elles pratiquent de fait, non comme un effet de conjoncture, mais comme un choix politique durablement assumé. Les refoulés, y compris non Maliens, ne sont directement remis à aucune autorité publique. Ils sont tout simplement, après des semaines de brimades et de traitements dégradants, déposés à la frontière et laissés dans un no man’s land, avec un simple « rentrez chez vous ! ».

Sur la zone frontière, il n’y a pas l’ombre d’une autorité accueillante et pas même un drapeau malien qui signale le passage d’un territoire à un autre. En réalité, aucun des deux États ne prend vraiment ses responsabilités. L’Algérie expulse à tour de bras et à l’abri de toute exposition médiatique et diplomatique, dans des conditions humainement inacceptables y compris des étrangers qui ont légalement des titres de séjour. L’État malien, quant à lui, ferme les yeux, renonce à toute affirmation de souveraineté et laisse faire passeurs, réseaux mafieux ou ses propres corps armés qui, à qui mieux mieux, rançonnent et dépouillent ces damnés de la terre sur le sort de qui tout le monde ferme les yeux.

Entre 200 et 300 refoulés africains dont des femmes et des enfants, croupissent là dans un dénuement total, sans eau ni lumière, sans nourriture ni soins, oubliés de tous, dans l’indifférence des autorités publiques et à la merci de tous les trafics. Polices, passeurs, militaires et réseaux mafieux, tout le monde profite du système.

La convention avec la Croix-Rouge
Une convention, en fait un arrangement non écrit, a été conclue entre la Maison du Migrant et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la Croix- Rouge malienne pour accueillir les convois de migrants refoulés du Maghreb à Tinzaouaten. Si l’action de la Croix-Rouge permet de diminuer le nombre de personnes bloquées sans ressources, sujets aux brimades de la police et des militaires dans ce no man’s land, il semble aussi qu’elle provoque des effets pervers :

-> 1 Des discriminations ont été souvent constatées dans le choix des publics prioritaires pour l’acheminement. Ce ne sont, en effet, pas toujours les plus vulnérables qui parviennent à monter dans le camion Croix-Rouge, mais plutôt une clientèle triée sur le volet par des chefs de ghettos de Tinzaouaten ou leurs collaborateurs en contrepartie d’une « taxe » indue, perçue sur le candidat au départ déjà plus que démuni.

Il est du reste fréquent que ces « chairmen » entretiennent de bonnes relations avec les militaires, les gendarmes et les volontaires de la Croix-Rouge locale qui établissent les listes depuis Tinzaouaten. Les Maliens parviennent parfois plus facilement à trouver une place, « du fait de leur nationalité ». Les femmes, même enceintes, et par conséquent prioritaires pour l’évacuation, sont très souvent exclues des convois.

-> 2 Des contrôles de police abusifs, notamment à Kidal, sont effectués sur les migrants qui voyagent dans le convoi. Ils sont fouillés hors la présence de la Croix-Rouge et bien souvent dépouillés de leurs biens personnels.

-> 3 Des rythmes des convoyages disproportionnés et non adaptés aux capacités d’accueil de la Maison du Migrant : les convois devaient être, à l’origine, limités à 80 personnes maximum par 15 jours, mais la Croix-Rouge a décidé unilatéralement et sans complément d’aide financière ou logistique, de les porter à 50 personnes par semaine. Ce qui dépasse plus que largement les capacités de l’équipe de la Maison qui, de fait, n’a plus les moyens d’effectuer le travail d’écoute, d’information, de sensibilisation qui constitue sa vraie mission. Il faut savoir en outre qu’une fois les migrants remis à la Maison du Migrant à Gao, la Croix-Rouge considère sa mission achevée. Et l’aide financière forfaitaire qu’elle apporte (équivalent d’une journée d’accueil) demeure trop faible pour subvenir aux besoins réellement pris en charge par la Maison du Migrant.

Un réaménagement de la convention avec la Croix- Rouge devra être envisagé pour éviter la dénaturation des missions de la Maison du Migrant et pour la protéger des risques financiers et logistiques exorbitants qu’elle aurait du mal à supporter.

Nioro du Sahel
Nioro est située à 30 km de la frontière mauritanienne, 430 km de Bamako. Depuis quelques années, il est devenu un lieu privilégié des refoulements opérés par l’autorité mauritanienne. En 2008, 1 800 personnes ont été « jetées » à la frontière par la police mauritanienne. Entre janvier et octobre 2009, 550 migrants ont été refoulés. La majorité sont des Maliens ou des Africains d’autres nationalités avec des papiers d’identité maliens. Beaucoup ont été arrêtés à Nouadhibou. Certains Maliens, installés de longue date en Mauritanie et qui y travaillent, sont parfois eux aussi expulsés.

Au début, l’administration malienne a tenté de prendre la question de l’accueil en charge mais ça n’a pas duré. L’association « Human Help » organise un convoi par mois (80 personnes) de Nioro vers Bamako. La Caritas locale ne peut pas faire face seule à ce problème mais s’y est quand même mobilisée.

Bamako
À Bamako, la Mission catholique (les pères Blancs) accueille les migrants soutenus depuis le Maghreb par les relais de Rencontre et Développement. L’association ARACEM (Association des refoulés d’Afrique centrale) accueille certains migrants refoulés, arrivés seuls ou convoyés par la Maison du Migrant de Gao. Elle aide aussi et accompagne (hébergement et recherche d’emploi) certains refoulés bloqués à Bamako.

Mais les capacités d’accueil d’ARACEM sont cependant très réduites et cette association, malgré sa bonne volonté manifeste, n’a pas la logistique nécessaire pour
faire face aux importants flux de refoulés venant de Gao.
En réalité, le suivi et l’accompagnement des migrants vers d’autres pays de destination restent encore préoccupants à Bamako. Il n’est pas rare que des refoulés soient interpellés sur la voie publique sans domicile ni ressources et sans structure d’accueil de référence.

Le Sénégal : face à des rapatriements complaisants, des jeunes sur le pont pour leur réinsertion

(Cheikh Diop et Ibrahima FAL, SIDEB ; Abbé Jean-Marie Ndour, Caritas Dakar)
Une petite touche d’espérance après ces parcours dramatiques !
Le Sénégal est le terminus pour les Sénégalais reconduits par la chaîne des relais. C’est par cette chaîne, depuis Kidal au nord du Mali, que Dame Sène, originaire de Diourbel, est rentré au Sénégal en 2008 après 7 ans de voyage et 5 refoulements d’Algérie. Dame est aujourd’hui installé avec sa famille et mène des activités de tissage dans sa ville d’origine.
Le Sénégal, c’est aussi le terminus pour les milliers de migrants rapatriés depuis les Îles Canaries suite aux accords hispano-sénégalais. 500 à Kayar, 400 à Mbour par exemple. Chacun avec un sandwich et 10 000 F CFA. Les migrants rapatriés se sont progressivement regroupés. Des GIE (Groupements d’intérêt économique) se sont créés sur divers corps de métiers, notamment de la pêche artisanale. L’association Solidarités et initiatives de développement économique de base (SIDEB) encadre ces processus collectifs et organise aussi des actions de sensibilisation et d’information pour mieux expliquer aux jeunes ce que signifient ces départs.

La Caritas Dakar, qui abrite le PARI, Point d’accueil des réfugiés et immigrés, souhaite également amorcer un travail de mobilisation des médias et de l’opinion publique, afin que ces situations dramatiques aux frontières et dans la mer soient mieux connues et ne soient pas si vite oubliées, afin que les décideurs politiques posent le problème clairement. Des émissions radios sont ainsi organisées (l’une l’a notamment été depuis Gao, avec le témoignage d’un migrant sénégalais refoulé à Tinzaouaten), et deux forums ont déjà eu lieu en 2006 et 2007 sur les questions de migrations et d’emplois des jeunes.

Europe-forteresse ou le déni des réalités du monde

(Sara Prestianni, Migreurop)
Le réseau Migreurop compte 40 associations membres, dans 13 pays. Le réseau s’est constitué en 2002 comme un réseau informel sur la question des camps d’enfermement, pour dénoncer la rétention pour le seul motif de ne pas avoir de papiers, pour dénoncer les conditions de rétention et l’externalisation de la politique de fermeture des frontières de l’espace Schengen.

Le réseau analyse la sous-traitance de la gestion des frontières européennes jusqu’aux pays d’origine, pays qui n’ont parfois même pas signé la convention de Genève sur l’asile. Depuis 2008, Migreurop a constitué un observatoire des frontières (cf. Frontières assassines de l’Europe) pour analyser les procédures de refoulement, d’expulsion et de « déshumanisation des migrants sur les routes migratoires ».

Migreurop organise également des campagnes d’interpellation auprès du Parlement européen. C’est à partir de ces actions développées autour des zones frontières de l’Europe, qu’il porte aujourd’hui un discours de dénonciation et d’interpellation politique auprès des institutions européennes et des autorités des pays concernés.

Programme Migrants du CCFD-Terre Solidaire

(Nina Marx, CCFD-Terre Solidaire)
Le Programme Migrants du CCFD-Terre Solidaire soutient en France trois types de partenaires :

-> associations de défense des droits des migrants et de lutte contre les discriminations qui se mobilisent pour que les migrants disposent d’une situation administrative et juridique stable, bénéficient de droits civils et sociaux reconnus et accèdent à un véritable statut citoyen dans la société,

-> associations engagées dans le renforcement du vivre ensemble et le dialogue interculturel et interreligieux dans la société française,

-> le CCFD-Terre Solidaire encourage aussi les associations d’immigrés qui participent aux actions de développement dans leurs pays et régions d’origine. En plus des actions France, Le Programme Migrants soutient depuis quelques années des partenariats internationaux.
Dans la zone Maghreb/Sahel, où sa présence est déjà ancienne, le CCFD-Terre Solidaire développe des partenariats autour des axes suivants :

-> Appui de proximité, qui vise à remettre « debout » et réhabiliter des migrants qui ont subi dans leur parcours, des échecs, des brimades et des violations de droits.

-> Aide à la réinsertion économique et sociale de migrants rapatriés et de candidats au départ.

-> Plaidoyer politique, interpellation publique des décideurs et travail d’information et de communication pour mieux faire connaître les situations et les aléas des parcours des migrants.
De nouvelles zones d’intervention sont en cours d’ouverture en Asie (Thaïlande, Philippines) en Amérique latine (Méso-Amérique, Brésil), en Afrique (Afrique du Sud) et au Moyen-Orient (Égypte, Liban).
À noter que le CCFD-Terre Solidaire ne vient pas directement en aide aux migrants pris individuellement mais appuie des associations partenaires qui les assistent, défendent leurs droits et essaient d’améliorer leurs conditions de vie.
Le CCFD-Terre Solidaire n’a pas d’antenne ni de représentation dans les pays dans lesquels il travaille. Il s’appuie sur ses partenaires locaux et essaie de converger avec eux, sur une base d’égalité, autour de leurs propres priorités d’action, pour le bien des populations en difficultés, en vue de faire reculer les injustices sociales et d’améliorer les conditions de vie des plus pauvres, par l’accès aux droits et par un meilleur partage de richesses de notre monde.

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