L’ONG African Diaspora Forum distinguée par le prix des droits de l’Homme de la CNDH

Publié le 17.02.2017

African Diaspora Forum est une ONG panafricaine fondée après les violences de 2008 en Afrique du Sud. Elle a reçu en décembre 2016 le prix de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNDH) en France. Avec le soutien du CCFD-Terre Solidaire et de l’ambassade de France, elle fait un travail de terrain et de plaidoyer pour prévenir les violences qui visent les immigrés dans les townships.


Les migrants venus de toute l’Afrique sont nombreux à avoir tenté leur chance après l’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela en 1994. Ils ont rejoint des communautés plus anciennes en provenance du Mozambique et du Zimbabwe, qui ont fourni pendant des décennies à l’Afrique du Sud blanche des mineurs, jardiniers, serveurs et autres employés de maison…

Combien sont-ils exactement ? Difficile de le savoir. Le dernier recensement de la population, en 2011, n’a pas procédé à leur décompte.

« Ce flou permet aux autorités d’en faire facilement des boucs émissaires », dénonce Marc Gbaffou, l’un des fondateurs de l’African Diaspora Forum (ADF), un ingénieur en agroalimentaire ivoirien de quarante-quatre ans qui vit depuis 1997 à Johannesburg.

Il a lancé en juin 2008 l’ADF, après la vague de violences qui avaient coûté la vie à plus de soixante-deux immigrés africains. Accusés de prendre le travail des Sud-Africains, confrontés au chômage (27 % des actifs) et à la pauvreté (42 % de la population), ils ont été confrontés à un niveau de violence inconnu depuis l’apartheid. Certains sont morts brûlés vifs, ayant subi le necklace (un pneu autour du cou enflammé avec de l’essence), ce « supplice du collier » jadis infligé à ceux qui étaient soupçonnés d’être des espions à la solde du régime raciste.

« Des gens sont aujourd’hui paralysés à vie et des centaines de personnes ont été rapatriées volontairement dans la foulée de ces événements », rappelle le président de l’ADF.

À ses débuts, l’ONG a rassemblé des fonds pour rapatrier 500 personnes au Mozambique et au Zimbabwe.

Faire cohésion sociale par le dialogue

Aujourd’hui, ses trois permanents et ses vingt-sept volontaires gèrent les dossiers qui leur sont transmis, la plupart du temps, par leurs 7 000 membres, composés d’associations et de particuliers de trente-cinq nationalités africaines. L’association œuvre au long cours à la cohésion sociale, en envoyant des délégations au « contact » dans cinq quartiers difficiles, les townships d’Alexandra, Itwatwa, Katlehong, Diepsloot et Orange Farm, situés à Johannesburg. L’objectif : parler aux Sud-Africains de la culture des « étrangers », mais aussi des raisons précises qui poussent des Somaliens, des Zimbabwéens ou Congolais à émigrer.

L’ADF invite également les immigrés africains à prendre part aux activités de quartier – funérailles, messes, réunions publiques – et à s’intéresser aux revendications pour un meilleur accès à l’eau et à l’électricité…

L’ONG envoie des avocats à la rescousse de migrants arrêtés et menacés d’être rapatriés contre leur gré. De même, elle s’empare des dossiers de sans-papiers refusés à l’hôpital ou dans les écoles. Environ 300 élèves vont être renvoyés des écoles publiques de Katlehong, en cette rentrée scolaire de janvier 2017, parce que leurs parents sont « illégaux ». La loi du pays interdit pourtant de refuser l’accès des enfants à la scolarité, et l’ADF saisit des organisations juridiques ainsi que le Conseil sud-africain aux droits de l’Homme (SAHRC).

Le 19 décembre, l’ONG a par ailleurs appelé à une marche aux portes de la mairie de Johannesburg, après que son nouveau maire, élu en août et membre de l’Alliance démocratique (DA), a demandé à tous les migrants sans papiers de quitter la ville.

« Nous étions environ 300 personnes, car beaucoup de gens ont eu peur de se faire arrêter », explique Marc Gbaffou, qui a demandé au maire de revenir sur ses propos. « Il faut intégrer les migrants au lieu de les chasser, et les organiser pour que les petits commerçants de rue paient des taxes à la ville », dit-il, sûr du bon droit de cette cause et prêt à la défendre.

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